Dan Arbib, ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé et docteur en philosophie, spécialiste de Descartes et de Levinas, enseigne la philosophie à l’École normale supérieure. Derniers ouvrages : La lucidité de l’éthique (Hermann 2014) et Descartes, la métaphysique et l’infini (Puf, 2017). Co-directeur de la collection « Epiméthée » (Puf).
Une exorbitante responsabilité. – La responsabilité peut-elle être mesurable, assignable ? Telle est la thèse du dispositif aristotélico-cartésien : que la responsabilité se mesure à la liberté et que seul l’acte volontaire encourt l’éloge ou le blâme. Pourtant il se pourrait que la responsabilité nous déborde de toutes parts : elle nous excède comme responsabilité pour la vie que nous nous choisissons (Platon), pour le monde que nous nous donnons (Jonas), pour autrui que nous rencontrons (Levinas). L’âme, le monde et autrui : les trois objets de la métaphysique classique, migrant à l’ère de la fin de la métaphysique de la raison théorique vers la raison pratique (et par là même Dieu se donnant comme autrui), dessinent pour nous la facticité d’une responsabilité toujours exorbitante et à laquelle nous ne sommes que de répondre.