Jean-François KERVEGAN (1950), normalien et agrégé de philosophie, est depuis 1999 professeur de philosophie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; il a été membre senior de l’Institut Universitaire de France (2007-2017). Ses travaux portent sur l’idéalisme allemand (Hegel, Kant…), le problème de la normativité, la philosophie du droit. – Publications récentes : The Actual and the Rational. Hegel and objective Spirit (University of Chicago Press, 2018) ; Hegel et l’hégélianisme, PUF (Que Sais-je ?), 3e éd., 2017 ; La raison des normes. Essai sur Kant, Vrin, 2015 ; Que faire de Carl Schmitt ?, Gallimard, 2011 ; L’effectif et le rationnel. Hegel et l’esprit objectif, Vrin, 2008. Traduction des Principes de la philosophie du droit de Hegel (PUF, 1998 ; 3e édition augmentée, 2013). Il a dirigé ou co-dirigé une vingtaine d’ouvrages collectifs, dont le Manuel de l’idéalisme allemand (Éd. du Cerf, 2015).
S’émanciper ?
Dans un texte publié en 1968, Habermas, reprenant à Kant l’idée que la raison humaine est toujours « intéressée », a souligné l’existence d’un « intérêt émancipatoire » coexistant avec « l’intérêt théorique » et l’intérêt pratique » distingués par celui-ci. J’aimerais préciser la nature de cet intérêt en posant la question : de quoi avons-nous intérêt à nous émanciper ?