Regina Kreide est professeur de théorie politique et sociale et d’histoire des idées à l’Université Justus Liebig à Giessen (Allemagne). Elle a été conférencière invitée et professeur détaché à la Universidad de Antioquia Medellin (Colombie), à la New School for Social Research à New York et à UAM Iztapalapa de Mexico City. Elle est l’un des directeur du Centre de recherche « Dynamiques de la Sécurité ».

Regina Kreide is a professor of Political and Social Theory and the History of Ideas at the Justus Liebig University in Giessen, Germany. She was a visiting lecturer and guest professor at the Universidad de Antioquia Medellin, Colombia, the New School for Social Research New York, and at UAM Iztapalapa, Mexico City, Mexico. She is one of the directors of the Research Center “Dynamics of Security”.


La liberté sans la sécurité?

Peut-on être libre sans être en sécurité ? Selon l’opinion libérale prédominante, la réponse est « non ». Depuis cette perspective, la sécurité correspond à l’absence de menaces – une condition préliminaire à la liberté. Dans un monde ébranlé par les attaques terroristes, le changement climatique et le déracinement, le tout enserré par la poigne ferme du néolibéralisme, on lit ces menaces de façon différente. Les menaces sont devenus globales, combattues non seulement par les États, mais aussi par les compagnies privées, par des justiciers, et par nous tous, par des machines qui fournissent des connaissances algorithmiques afin de traquer les menaces avant qu’elles se matérialisent. Nous ne pouvons pas nous protéger complètement contre la multiplicité des menaces, nous disent les experts, mais nous devons par contre nous adapter et devenir résilient. Quand la sécurité crée de l’insécurité, qui exige en retour davantage de sécurité, quelles en sont les conséquences sur la liberté ? Quand le gouvernement qui protège la liberté considère dans le même temps ses citoyens comme des partenaires nécessaires et volontaires dans l’exercice de la sécurité ? La conception libérale de la liberté se change alors en une création gouvernementale, intrinsèquement précaire et incertaine. Pour sortir de cette impasse, il faudrait commencer par dénoncer le discours sécuritaire comme producteur de « non-liberté » politique et par là même se réapproprier notre autonomie politique et gouvernementale.

 Freedom without security?

Can there be freedom without security? According to a predominant liberal view, the answer is ‘no’. Security, according to this view, is the absence of threats – a precondition for freedom. In a world distressed by terror attacks, climate change and displacement, and in firm grip of neoliberalism, the understanding of threats has changed. Threats have turned global, fought not just by states but also by private companies, by vigilantes, and by everybody, with machines that provide algorithmic knowledge to track down threats before they even occur. We cannot fully protect ourselves against the multiple threats, experts tell us, but have to adapt and become resilient. What does it mean for freedom when security creates insecurity, and, in turn, asks for more security? When the government that protects freedom at the same time sees individuals as necessary and voluntary partners in exercising security? Liberal freedom then becomes a governmental creation, itself insecure. One way out of this dead-end could be to aim for political freedom by exposing the security discourse as producer of political unfreedom, and by reclaiming self-government.

 

Conférence (20 min)

Salle IV, 5h00