Alberto Naibo est maître de conférences en Logique à l’UFR de Philosophie de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses recherches sont consacrées à l’étude de la notion de démonstration et au rôle qu’elle joue dans notre conception de la vérité et de la signification des énoncés mathématiques.
Réalisme et omniscience de Dieu. L’approche de Dummett
Le théisme est souvent considéré comme un allié naturel du réalisme, thèse selon laquelle il existerait une réalité — indépendante de l’activité cognitive humaine — déterminant la vérité ou la fausseté de chaque énoncé. L’existence de Dieu impliquerait ainsi la thèse réaliste. En partant de l’idée que la réalité doit être telle que Dieu la connait, on doit en conclure qu’elle est indépendante de la manière dont elle nous apparaît et de notre possibilité même de la connaître. En outre, puisque Dieu est omniscient — au sens où il sait tout —, alors il doit aussi savoir si un énoncé est vrai ou faux. Par conséquent, si la réalité est ce que Dieu connaît, alors elle est telle que l’énoncé en question y est vrai ou faux. Nous analyserons la position du philosophe anglais Michael Dummett qui considère cet argument comme intenable, dans la mesure où ce n’est pas l’omniscience de Dieu qui détermine que tout énoncé est vrai ou faux, mais plutôt l’inverse. L’argument cacherait donc une pétition de principe qui apparaît clairement quand on regarde la question de la vérité ou la fausseté des énoncés mathématiques.
Conférence, 20 min