Emmanuel Alloa est Research Leader en philosophie à l’Université de Sankt Gallen. Son travail se situe à l’intersection de la philosophie allemande et française, de l’esthétique et de l’épistémologie sociale. Parmi ses parutions récentes: Penser l’image III. Comment lire les images? (2017), Transparency, Subjectivity, Society (avec D. Thomae, 2018), Choses en soi. Métaphysique du réalisme (avec E. During, 2018) et Partages de la perspective (2019).
« Pourquoi ce n’est pas Nietzsche qui a faire élire Donald Trump »
« Il n’y a pas de faits, il n’y a que des interprétations ». Cette phrase de Nietzsche (et sa pensée en général) sont incriminés d’avoir préparé le terreau d’un nouveau relativisme triomphant. Un relativisme qui aurait permis le succès politique de figures qui se moquent allégrement de la vérité, ou justifient au contraire leur populisme par le besoin de faire place à des “faits alternatifs”. Mais considérer que Nietzsche (et ses lecteurs au XXe siècle comme Derrida ou Deleuze) ont pu influencer le cours des élections présidentielles, c’est faire trop honneur à la philosophie. Plus grave, il s’agit d’une tentative pour se débarrasser d’une tradition de pensée qui a toujours combattu le cynisme et qui n’a pas fini de nous offrir ses ressources critiques. La pensée de Nietzsche nous fournit des armes pour défendre le pluralisme à l’instant même où celui-ci est attaqué par ceux qui prétendent parler en son nom.
Conférence, 20 min