Philippe Hamou est professeur de Philosophie à l’université Paris Nanterre. Ses travaux portent sur l’histoire de la vision et de l’expérience visuelle, sur l’histoire des sciences et les représentations de la science à l’âge classique ; enfin sur les théories de l’esprit dans la philosophie classique, et tout particulièrement chez John Locke, auquel il a consacré sa dernière publication : Dans la chambre obscure de l’esprit, Locke et l’invention du mind, Paris, Ithaque 2018, 444 p.


Les révolutions de l’imagination. Une perspective smithienne sur l’histoire des sciences

Dans son ouvrage de jeunesse History of Astronomy, Adam Smith, le grand disciple de Hume, anticipe une idée audacieuse de l’épistémologie contemporaine en montrant comment les théories scientifiques naissent et meurent d’une sorte de dynamique interne de l’imagination. Celle-ci, plus que la raison logico-mathématique, constitue le véritable moteur de la science, cherchant dans la mise en ordre des phénomènes une forme d’agrément dont les normes, tout comme les normes du goût, connaissent avec le temps des « révolutions » imprévisibles. Ainsi, il faut admettre qu’il n’y a pas de vérité qui tire, depuis l’avenir, le progrès des sciences. Celui-ci a plutôt le caractère équivoque d’un progrès darwinien, c’est une évolution, poussée par derrière, par des forces qui procèdent de la nature, et dont nous ne savons pas où elles nous conduisent.