Jean Waddimir Gustinvil est Docteur en philosophie, Membre du Laboratoire Langages, Discours et REPresentions (LADIREP), Enseignant-chercheur rattaché à l’ENS de l’Université d’État d’Haïti et responsable académique pour l’ENS du programme de maîtrise en Sciences de l’éducation mis en place par l’ENS et l’université du Québec à Chicoutimi. Il est en ce moment porteur de dossier au sein des états généraux de l’université d’état d’Haïti (UEH) ou il l’un des co-responsables de l’axe portant sur l’ l’université. Il enseigne la philosophie politique à l’ENS de l’UEH et intervient dans le Master d’anthropo-sociologie sociale de la Faculté d’Ethnologie de l’UEH où il discute les questions de démocratisation, de violences politiques et de déni mémoriel.
La littérature après la dictature
L’absence d’une politique de mémoire des victimes des dictatures des Duvalier (Père et fils) par les institutions étatiques constitue une menace contre l’expérience de la démocratie balbutiante dans le pays. La question reste pendante : À partir de quelle mémoire faut-il instituer les institutions de la post-dictature ? Peut-on faire silence sur les violences passées (ou le passé des dictatures) sans rompre les liens de solidarité / d’humanité qui lient les citoyens dans la relation de citoyenneté et d’humanité ? Aucune institution ne peut faire l’économie de la mémoire parce qu’elle (l’institution) est toujours pensée depuis et à partir d’un lieu de mémoire ou d’une certaine mémoire. Le silencementorganisé par l’État contre la mémoire des victimes des dictatures ne serait pas sans risque pour l’avenir de la démocratie, elle entraine par ailleurs une subalternisation de ces mémoires. Le travail de passage et de passeurs de mémoires se trouve bloqué dans les politiques publiques. Or, la prise en charge des souffrances et des injustices commises par les individus au nom d’une certaine idéologie de l’Etat constituerait un moyen d’apaiser les douleurs et prévenir le retour des fantômes du passé. Paradoxalement, en dépit de l’absence d’une politique mémorielle de l’Etat, l’on constate que l’espace littéraire à travers les romans devient un lieu de résistance par rapport au silencement orchestré par l’Etat. À quoi pensent les romans lorsqu’ils font rejouer le partage des mémoires ? De quoi ces mondes possibles dont ils mettent en scène sont-ils capables ?
Conférence, 20 min