Conférence philosophique, 00h20, Auditorium, 30 min
La question qui m’intéresse est celle-ci : quel rôle joue l’éducation dans notre explication d’une personne morale ? Kant dit que l’homme est la « seule créature qui doit être éduquée ». Une façon répandue de comprendre le rôle de l’éducation par rapport à la moralité est de soutenir que l’éducation est un moyen de transformer un animal non moral en un être moral. La nécessité de l’éducation, selon ce point de vue, est une nécessité hypothétique. C’est la nécessité d’un moyen pour arriver à une fin – la fin de former un être qui pense et se comporte du point de vue moral – qui ne caractérise pas encore l’être en question antérieurement à l’éducation. Kant pense que cette explication ne peut pas être correcte. Non pas parce qu’il pense que la vertu morale est une capacité innée, pour ainsi dire. Au contraire. Kant nie qu’on puisse comprendre la capacité qu’est la vertu morale sans introduire l’idée d’un être vivant dont la nature, en tant qu’être vivant, est de vivre une vie morale. Il s’ensuit que la nécessité de l’éducation est catégorique, plutôt qu’hypothétique ou instrumentale. C’est la nécessité d’une activité qui actualise une fin qui, antérieurement à cette activité, renseigne déjà de l’existence de l’élève comme celle de l’éducateur.
Andrea Kern est professeure de philosophie à l’Université de Leipzig et codirectrice du Forschungskolleg Analytic German Idealism (FAGI) à Leipzig. Elle a enseigné en tant que professeure invitée dans diverses universités telles que l’Université de Chicago, l’Université de Picardie à Amiens, l’Université de Vienne et l’Université de Francfort. De 2014 à 2015, elle a été Fellow au Wissenschaftskolleg zu Berlin. Elle est l’auteur de Quellen des Wissens. Zum Begriff vernünftiger Erkenntnisfähigkeiten (2006/engl. 2017) et Schöne Lust: Eine Theorie der ästhetischen Erfahrung nach Kant (2000). Elle a édité plusieurs volumes, dont Selbstbewusstes Leben (2017) et Varieties of Skepticism : Essays after Kant, Cavell and Wittgenstein (2014), Falsche Gegensätze. Zeitgenössische Positionen zur philosophischen Ästhetik (2004). Ses travaux sur l’épistémologie, le scepticisme, la perception, l’anthropologie philosophique, l’esthétique, l’idéalisme allemand et Wittgenstein ont été publiés dans diverses revues internationales et volumes de recherche.