Conférence philosophique en allemand en traduction simultanée, 3h40, Auditorium, 30 min

« Il n’y a pas de bonne vie dans la mauvaise » est peut-être la citation la plus célèbre de Theodor Adorno. C’est la dernière phrase du 18ème aphorisme dans « Minimal Moralia », qui s’intitule « Asile pour les sans-abri » et commence étonnamment par la possibilité de vivre. C’est une critique du fonctionnalisme esthétique, dirigée tout aussi bien contre le confort des Wilhelminiens vivant dans de vastes appartements anciens, que contre la cabane de la Forêt-Noire de Heidegger et les immeubles de Le Corbusier. Mais ce n’est pas tout. Une autre interprétation s’entend chez Adorno, comme chez Nietzsche, laissant suspecter la morale elle-même d’idéologie. Mais c’est aussi peu convaincant que la lecture qu’Adorno faisait avec sa célèbre phrase : il ne peut y avoir de moralité dans le capitalisme. Ni de vie juste. L’auteur veut montrer que ces interprétations méconnaissent l’intéressante ambiguïté de la fameuse phrase. Car la mauvaise vie exclut en effet la bonne. Mais elle suppose en même temps une conception du droit. Ce qui est mal n’est mal que par rapport à ce qui est bien. La conférence explore différentes lectures et montre ce que cela pourrait signifier pour une idée contemporaine de la mauvaise et de la bonne vie – de la vie individualiste à la consommation inutile en passant par la crise climatique.

Regina Kreide est professeur de théorie politique et sociale et d’histoire des idées à l’Université Justus Liebig de Giessen, en Allemagne. Elle a étudié la sociologie, les sciences politiques et la philosophie à l’Université de Cologne, à l’Université Goethe de Francfort et à l’Université Columbia de New York. De 2001 à 2008, elle a travaillé comme professeure assistante et maître de conférences en sciences sociales à l’Université Goethe de Francfort. Elle a également enseigné en tant que professeure invitée à la New School for Social Research de New York, à l’Universidad de Antioquia Medellin et à l’UAM Iztapalapa, Mexico, Mexique, et a été professeure invitée à l’Université de Washington à Seattle. Elle est l’une des directrices du Centre de Recherche Collaborative « Dynamique de la Sécurité » (SFB). Elle a publié de nombreux articles dans des revues internationales sur l’injustice mondiale, les droits de l’homme, le droit international, la démocratie et la sécurité, les minorités européennes et, récemment, le logement. Ses publications les plus récentes incluent le Habermas-Handbook, avec Hauke ​​Brunkhorst et Cristina Lafont, Columbia UP 2017; Transformation of Democracy: Crisis, Protest, and Legitimation, ed. avec R. Celikates et T. Wesche, avec Rowman&Littlefield, 2015; The Repressed Democracy 2016 (en allemand), et The Securitization of the Roma in Europe, (édité avec Huub Van Baar et Ana Ivasiuc), Palgrave 2018. Conceptualizing Power in Dynamics of Securitization: Beyond State and International System (ed.) avec Andreas Langenohl. Son livre Global (In-)Justice? (en allemand) paraîtra en 2022.

Conférence, 30 min, en allemand traduite en français en simultané.

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Kann man ein gutes Leben im falschen führen? Adorno neu lesen in schwierigen Zeiten
Es gibt kein richtiges Leben im falschen” ist vielleicht Theodor Adornos bekanntestes Zitat. Es ist der letzte Satz des 18. Aphorismus in “Minimal Moralia” und trägt den Titel “Asyl für Obdachlose” und beginnt überraschenderweise mit der Möglichkeit des Wohnens. Er ist eine Kritik des ästhetischen Funktionalismus und richtet sich gegen den Komfort des wilhelminischen Wohnens in geräumigen Altbauwohnungen ebenso wie gegen die Heideggersche Schwarzwaldhütte und die Wohnblocks von Le Courbusier. Doch das ist noch nicht alles.
Eine andere Interpretation versteht Adorno, ähnlich wie Nietzsche, als einen, der die Moral selbst unter Ideologieverdacht stellt. Das aber ist ebenso wenig überzeugend wie die Lesart, Adorno wolle mit seinem berühmten Satz sagen, dass es im Kapitalismus gar keine Moral geben könne. Und damit auch kein richtiges Leben. Diese Interpretationen verkennen, so möchte die Autorin zeigen, die interessante Doppeldeutigkeit des berühmten Satzes. Denn das falsche Leben schließt zwar das richtige aus. Aber es setzt zugleich eine Vorstellung vom Richtigen voraus. Was falsch ist, ist nur falsch im Verhältnis zum Richtigen.
Der Vortrag lotet verschiedene Lesarten aus und zeigt, was dies für eine zeitgenössische Vorstellung vom falschen und richtigen Leben bedeuten könnte – vom individualistischen Wohnen über verschwenderischen Konsum bis zur Klimakrise.

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Regina Kreide is a professor of Political and Social Theory and the History of Ideas at the Justus Liebig University in Giessen, Germany. She studied Sociology, Political Science, and Philosophy at the University of Cologne, Goethe University in Frankfurt and at Columbia University in New York. In 2001–2008 she worked as an assistant professor and senior lecturer of Social Sciences at Goethe University in Frankfurt. She also taught as a Visiting Professor at the New School for Social Research in New York, the Universidad de Antioquia Medellin, and at the UAM Iztapalapa, Mexico City, Mexico, and was a visiting professor at the University of Washington Seattle. She is one of the directors of the Collaborative Research Center “Dynamics of Security” (SFB).

She has published widely in international journals on global injustice, human rights, international law, democracy, and security, European minorities, and, recently housing. Her most recent book publications include the Habermas-Handbook, together with Hauke Brunkhorst and Cristina Lafont, Columbia UP 2017; Transformation of Democracy: Crisis, Protest, and Legitimation, ed. with R. Celikates and T. Wesche, with Rowman&Littlefield, 2015; The Repressed Democracy 2016 (in German), and The Securitization of the Roma in Europe, (edited with Huub Van Baar and Ana Ivasiuc), Palgrave 2018. Conceptualizing Power in Dynamics of Securitization: Beyond State and International System (ed.) with Andreas Langenohl. Her book Global (In-)Justice? (in German) will appear 2022.