Denis-Kambouchner

(Crédit photo Sarah Moon)

Denis Kambouchner, professeur d’histoire de la philosophie moderne à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est spécialiste de Descartes (dernier ouvrage paru : Descartes n’a pas dit, Les Belles-Lettres, 2015), et éditeur des Œuvres Complètes du même auteur (Gallimard-Tel, en cours de parution). Il est l’auteur de plusieurs essais sur les problèmes de la culture et de l’éducation, notamment « La culture », in Notions de philosophie (Folio, 1995, vol. 3), Une école contre l’autre (PUF, 2000), et L’école, question philosophique (Fayard, 2013). Il a participé, avec Philippe Meirieu et Bernard Stiegler, à un livre de discussion : L’école, le numérique et la société qui vient (Mille et une nuits, 2012).


Ce qui manque à nos écoles

À propos de l’école, évitons le mot « crise », si grave, si commode et si démonétisé. La « crise » a toujours été là, si elle tient à l’inadéquation entre un système d’enseignement et un faisceau d’attentes sociales quasi impossibles à remplir. Il reste que, sauf exceptions, bien des choses manquent à nos écoles pour qu’elles remplissent leurs fonctions de formation – à distinguer de la garderie et du tri – avec un minimum d’efficience. Et si l’on demande ce qui manque par-dessus tout, ni les moyens, ni les structures, ni les pédagogies, ni même les mœurs ne suffiront à fournir la réponse. « Notre foi s’est troublée », écrivait Durkheim en 1895. Pour fonctionner dans le sens indiqué, nos écoles ont-elles donc besoin d’une foi ? Le terme est lourd à porter. S’il faut éviter les malentendus, parlons de croyances ajustées – « ajustées », c’est-à-dire intégrant un coefficient de distance critique. Mais alors, ce qui manque à nos écoles, serait-ce une philosophie ? Disons : beaucoup plus de philosophie, au sens large bien entendu.

Conférence, 20 min